Les travailleurs attendent une reconnaissance authentique de la valeur de leur travail, de leurs ...
Burn-out et manque de reconnaissance au travail Que faire ?
Les causes multiples et enchevêtrées du burn-out
Le burn-out n'a pas une cause unique et exclusive. Si le burn-out est le résultat d'un stress chronique, les sources de stress sont multiples et sa chronicité s'inscrit dans des processus psychosociaux, organisationnels et managériaux complexes.
Pour qu'une personne subisse un stress chronique tel qu'elle voit ses ressources physiques, cognitives et émotionnelles se vider jusqu'à l'épuisement, un ensemble de facteurs s'enchevêtrent : surcharge de travail, de sollicitations, hyperconnectivité, difficultés à poser des limites, absurdité de certaines tâches ou de certains projets, consignes paradoxales, conflits de valeurs, manque de contrôle sur ce que l'on fait, manque d'autonomie, conflits entre collègues ou avec la hiérarchie, etc.
Parmi ces facteurs, l'insuffisance ou le manque de reconnaissance occupe une place importante.
Des collaborateurs qui se sentent dévalorisés
Identifié par la sociologie clinique comme un facteur organisationnel majeur dans la survenance du burn-out, ce phénomène se manifeste lorsque les collaborateurs se sentent dévalorisés et/ou sous-estimés par rapport à leurs efforts et à leurs contributions.
Une reconnaissance qui se doit d'être authentique
Christophe Dejours, dans "Travail, souffrance et subjectivité", considère le travail comme central dans la construction de l'identité.
Il critique une forme de reconnaissance que l'on rencontre parfois au sein des organisations :
une reconnaissance superficielle, non authentique (comme un compliment sans sincérité et sans commune mesure avec les efforts fournis).
La reconnaissance doit véritablement valoriser les compétences, les efforts et les contributions des travailleurs.
Sans cela, la reconnaissance est une façade qui ne parvient pas à combler le besoin de validation et de respect des travailleurs, ce quipeut contribuer au burn-out et à la souffrance psychique.
A chacun.e sa façon de se sentir reconnu.e
Pour certain.e.s, la reconnaissance se fera sentir sincèrement autour d'un bon repas où il/elle sera congratulé.e, pour d'autres, cette même action sera perçue comme manipulatrice ou "pingre". Pour certain.e.s, des remerciements chaleureux seront suffisants alors que pour d'autres, il s'agira de recevoir une reconnaissance financière ou matérielle. Quelques-uns désireront plus de responsabilités ou de nouveaux projets, voire une reconnaissance publique.
4 conseils pour les collaborateurs qui se sentent peu reconnus
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Faites le point sur vos besoins de reconnaissance : où en êtes-vous ? Que souhaitez-vous ? Listez concrètement les actions qui devraient être menées à votre égard pour que vous vous sentiez reconnu.e.
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Exprimez vos besoins:communiquez avec votre hiérarchie (et/ou vos collègues) pour leur adresser des demandes concrètes sur ce que vous attendez d'eux en termes de reconnaissance.
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Recherchez des opportunités de reconnaissance : cherchez des moyens de vous reconnaître vous-même, que ce soit par des projets personnels ou des récompenses internes, et un monologue intérieur valorisant.
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Soutenez vos collègues :décidez collectivement de vous encourager et de vous reconnaître mutuellement pour le travail que vous fournissez. Décidez de le faire, de comment, avec qui, où et quand.
3 conseils pour les organisations
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Évaluez ouvertement et régulièrement les besoins de reconnaissance de vos collaborateurs :effectuez des entretiens réguliers avec vos collaborateurs pour comprendre leurs besoins de reconnaissance et ajustez les politiques internes. Restez transparent : chacun.e doit savoir quelles sont les conditions et les contenus de la reconnaissance proposée.
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Créez des programmes de reconnaissance :mettez en place des programmes de reconnaissance formels pour valoriser les efforts et les contributions des employés.
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Encouragez la reconnaissance entre collègues :favorisez une culture de reconnaissance mutuelle où les collaborateurs sont encouragés à reconnaître le travail de leurs collègues.
Pour aller plus loin...
Trois lectures éclairantes à plus d'un titre :
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Vincent de Gaulejac, Travail, les raisons de la colère, Paris, Seuil, Collection Points Économie, 2015
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Christophe Dejours, Travail, souffrance, subjectivité, 2000
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Gilles Herreros, Vers des organisations réflexives : pour un autre management, in Nouvelle revue de Psychosociologie n°13, 2012.